Magnificent Maleficent!

Une de mes petits défauts qui a évolué en tare avec les années est que je n’arrive pas à me taire pendant un film. A 15 euros la place, je me suis fait une brochette d’ennemis mortels -et alliéné une partie de mes amis. Le cinéma est souvent synonyme d’un long moment de souffrance pour moi et surtout mes accompagnateurs car les films qui passent le test de Bechdel sont rares. Certains de mes amis refusent d’être assis à mes côtés pendant une séance, voire que je sois présente à une soirée film privée.

Mais comprenez moi! Il m’est particulièrement difficile de supporter sans remarquer, souffrir, fulminer, et avoir envie de quitter le salon/la salle la plupart des films. Pour peu qu’on soit un minimum conscient.e des discrimination de genre, les clichés sexistes dont sont gangrénés les films sautent aux yeux et étouffent tout l’intérêt de l’oeuvre. Exemple: oui, le moyen âge ça craint, ai-je envie pour autant de voir une femme violentée toute les 10 minutes sans raison scénaristique? Aucun secteur n’est épargné, ni le commercial ni le cinéma indépendant. Les réalisateurs ne prennent aucun risque et optent pour l’éternelle hiérarchie du missionnairede l’affiche: l’homme au premier plan, la femme ornementant agréablement le fond. Une femme jeune, accessoirisée, sexualisée, objet offert au male gaze -car le spectateur et sujet serait forcément un homme blanc hétérosexuel.

Florilège:

Bien évidemment, les réalisateurs n’ont pas attendu l’âge adulte pour sidekicker les femmes. Il n’est jamais trop tôt pour apprendre sa place en société.

 

 

C’est pourquoi, quand le miracle se produisit (dimanche 1er juin, 19h25! après la pub pour la nouvelle Volkswagen où une meuf conduit à la fin et le film de Tom Cruise que je n’ai pas pu m’empêcher de pulvériser verbalement) je n’étais pas préparée!!

Mais j’aurais du. D’abord, l’affiche:

 

Cette esthétique, cette aura de puissance -on y est pas allés mollo avec les cornes de satyre, les ailes de papillon démoniaque et les flammes de l’enfer- annonçaient le film mortel.

Le début de l’histoire est simple:

Maleficent est une petite fée jolie qui vit dans une forêt enchantée. Un jour, les créatures magiques lui apprennent qu’un vagabond a volé une pierre magique de la forêt, et s’apprête à être puni par les gardes, des espèces d’énormes créatures sylphides, à mi chemin entre l’arbre et le guerrier tribal. Comme le monde des fées, ce n’est pas la dictature, Maleficent  lui pardonne et le libère si il rend la pierre. Le vagabond, Stefan, est bien reconnaissant et ils deviennent amis. A 16 ans, il lui roule la pelle de l’amour, le rêve de toute jeune fille. Ceci fait, il se barre pour poursuivre son ambition et tenter de passer du statut de paysan à celui de Roi. Maleficent continue à avoir l’air cool et de s’occuper de ses affaires, même si de temps en temps elle regarde dans le vide en pensant à l’ambitieux et à ses heures de bureau à rallonge pour atteindre la royauté.

Pour le moment, le royaume des humains a déjà un roi, qui décide de se saisir de la forêt magique et de ses ressources (tout rapport avec les Etats Unis, la Russie de Poutine et le monde en général étant fortuit…). Maleficent, devenue adulte et impossiblement belle, s’interpose. Elle explose l’armée belligérante à la tête de son armée de créatures magiques. Sans effusion de sang (visible)  mais dans un combat d’une grande violence, ce que les américains appellent sans doute “la frappe chirurgicale sans dommages collatéraux”.

Vu que le monde des fées n’est pas non plus la démocratie, Maleficent devient reine de facto. Le roi mourant promet sa succession à celui qui tuera la fée, et celà ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Stefan le vagabond, qui a gravi les marches du pouvoir à coup de lustrage rectal (‘Encore un coussin pour la tê-tête votre majesté?‘) voit enfin sa chance. Il retourne à la forêt magique, et profite de la confiance de Maleficent pour la droguer et lui faire la pire violation possible pour une créature magique. Lui scier les ailes, en faisant une fée infirme, la seule incapable de voler.

Réveillée dans l’horreur et la douleur, Maleficent décide de restaurer la balance du karma, si on peut dire.

Elle s’amène au château, après avoir transformé un vulgaire corbeau en Sam Riley (une femme de goût on vous dit!), et maudit la princesse qui vient de naître à sombrer dans un coma lors de ses 16 ans, sauf si celle ci devait recevoir la pelle de l’amour.

La garde de la princesse est confiée à trois fées incompétentes (qui d’ailleurs lui repprocheront plus tard le sacrifice de leurs plus belles années, ce que je trouve assez génial dans un Disney).Et comme Maleficent veut voir sa vengeance se réaliser, elle intervient à répétition dans l’éducation du bébé pour lui éviter une mort atroce (déshydratation… mort par la faim… fractures multiples…) et s’attache à la fillette.

Je ne veux pas spoiler d’avantage, et ça n’a pas grand intérêt pour la suite de cet article. Je n’ai même pas osé en discuter à la fin de la séance. Rien de ce que je n’aurais dit n’aurait pu traduire mon sentiment d’enchantement et libération. Et je ne voudrais pas gâcher le charme pour tous ceux qui veulent le voir (contrairement à tous les autres films que je continuerai à vous pourrir avec ma constance habituelle héhéhé).

C’est du divertissement 5 boxersboxer_dog_cartoon_cut_out-r92cd2adf48484a529a1faa0000f3fb2b_x7saw_8byvr_50boxer_dog_cartoon_cut_out-r92cd2adf48484a529a1faa0000f3fb2b_x7saw_8byvr_50boxer_dog_cartoon_cut_out-r92cd2adf48484a529a1faa0000f3fb2b_x7saw_8byvr_50boxer_dog_cartoon_cut_out-r92cd2adf48484a529a1faa0000f3fb2b_x7saw_8byvr_50 boxer_dog_cartoon_cut_out-r92cd2adf48484a529a1faa0000f3fb2b_x7saw_8byvr_50. Bien que la plupart des critiques soient positives (Maleficent a dépassé X-men au box-office!), certains prétendent que le film est vide de sens, ou “faussement féministe”.

 

Symbolisme

Loin d’être vide, le film est truffé de symboles et porte un message fort. De par sa force, sa puissance et son indépendance, Maléfique incarne les déesses primaires, celles qui chevauchent les hommes et assument leur sexualité. Bien avant le christianisme, les déesses femmes qui n’étaient aucunement liées à la maternité, telle qu’Ishtar, ou Nike, déesse de la victoire ailée étaient légion. Je recommande surtout une petite lecture des exploits d’Ishtar, qui baise, tue, conquiert, et se venge, sans s’embarrasser de pudeur féminine.

Ishtar, déesse du sexe et de la GUERRE!

Ishtar, déesse du sexe et de la GUERRE!

Ce film rappelle très fortement la chasse aux sorcières, un euphémisme pour la véritable guerre d’extermination que l’église a mené aux femmes pendant plusieurs siècles. Les femmes pauvres et vulnérables qui pratiquaient des métiers tels que guérisseuses (magie donc), des avortements (diablerie donc), ou commettaient le crime d’être trop indépendantes devenait victimes du populeux qui les craignait et l’aristocratie qu’elles menaçaient de leurs connaissances. On estime que dans certaines villes allemandes (la source n’est pas très claire mais je trouve que le propos très intéressant à creuser)  “il y eut 600 exécutions par an, soit deux par jour -sauf les dimanches”. Alors que les cérémonies du “c’est moi qu’ayons le plus souffert” se multiplient pour l’Holocause et l’esclavage, aucune cérémonie de réparation/importance de la mémoire ne semble au programme pour l’histoire des femmes.

"Execution" d'une sorciere

Des films idiots, paternalistes et patriarcaux sont acclamés par la critique dès que l’on y reconnaît ce qu’on nous a dressé.e.s à voir. Il ne sont pas jugé “vides” car la place centrale est occupée par un homme névrosé, qui accapare une femme -jeune, sexualisée, objectifiée- pour s’occuper de lui et s’oublier dans le don de soi. Jugez plutôt: un homme décidé à se détruire par l’alcool rencontre sur sa route une prostituée biiiiien trop fraîche pour lui. Intelligente, ayant fait le choix de son occupation, tout son univers est bouleversé par sa recontre avec son sac à vin. Elle le prends immédiatement en charge -ses problèmes à elle ne sont rien devant les angoisses existentielles masculines-. Elle tente de s’en faire aimer, il fait ce qu’il peut; après bien des incompréhensions et des frustrations, plusieurs hommes la battent et la violent en réunion, mais elle trouve le temps de se précipiter faire l’amour à son dépressif cuvant son vin final. Il meurt, quelle tristesse. Et ce film est classé .

 

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Pas assez féministe?

D’autres critiques résument le film ainsi: Maléfique se ferait larguer et ne le supporte pas. Elle se venge d’un homme qui ne veut pas d’elle, s’attache à un bébé car l’instinct maternel plus fort que tout.

Alors certes, bien que l’amour maternel joue un rôle, Maleficent n’est jamais représentée comme une maman sacrifice protectrice hystérique en puissance. Elle ne cherche pas à contrôler la vie d’Aurora ou lui dicter sa conduite – même si des fois elle devrait, par exemple, lui dire d’arrêter de sourire bêtement aux oiseaux. Quant à Aurora, bien qu’ayant rencontré son prince (qu’elle épouse malgré la preuve éclatante de l’inexistence du veritable amour….mais ne nous questionnons pas trop ça reste un Disney), elle continue son plan, à savoir, vivre dans la forêt en sautillant comme une biche.

Et surtout, la base de l’histoire.

Maleficent se vengerait du roi qui l’a larguée… Elle se venge sur l’enfant, dont elle aurait été privée. Son féminisme auraient leur origine dans un homme . Alors déjà, bien des hommes ont contribué à rendre bien des femmes féministes, en collaboration avec la société patriarcale. Ca ne les rend pas moins féministes pour autant. Par exemple, mon militantisme enfle d’un coup quand un c… en boite me siffle pour commenter avec force vulgarité mes quartiers de viande, sans que je ne lui ai commandé ce rapport d’étude (Comme je suis bien bonne, je prends souvent le temps d’adresser en retour une analyse détaillée du pourquoi son comportement est inacceptable, au même niveau de langage pour être bien sûre qu’il comprenne).

Cette critique omet délibérément le coeur de l’intrigue, un traumatisme. “Larguer” et “droguer et scier les ailes”, métaphore d’un viol brutal ou mutilation génitale abjecte, ne sont pas la même chose. Une vengeance semble tout à fait appropriée lorsqu’un homme décide d’amputer, mutiler, priver une femme d’autonomie et de puissance, de sa source de pouvoir. Je cite Virginie Despentes, qui soutient que beaucoup de viols pourraient être évités si les violeurs savaient qu’à chaque tentative de coup de bite non sollicité ils ils risquaient un coup de canif dans leur précieux appendice. A lire et à creuser.

“Je suis furieuse contre une société qui m’a éduquée sans jamais m’apprendre à blesser un homme s’il m’écarte les cuisses de force, alors que cette même société m’a inculqué l’idée que c’était un crime dont je ne devais pas me remettre. [8]”

A ce moment précis [au moment du viol ndlr], je me suis sentie femme, salement femme, comme je ne l’avais jamais senti, comme je ne ne l’ai plus jamais senti. Défendre ma propre peau ne me permettait pas de blesser un homme. Je crois que j’aurais réagi de la même façon s’il n’y avait eu qu’un seul garçon contre moi. C’est le projet du viol qui refaisait de moi une femme, quelqu’un d’essentiellement vulnérable. Les petites filles sont dressées pour ne jamais faire de mal aux hommes, et les femmes rappelées à l’ordre chaque fois qu’elles dérogent à la règle.

Pour conclure, nous ne sommes pas le public

Le public de Maleficent sont des petites filles qui, de six à douze ans s’identifieront à Hermione Granger, sidekick chiante mais intelligente, (Emma Watson nous a depuis montré à coup d’étalage de viande que maintenant elle est fâââme). Puis à l’ignoble Bella de l’ignoble Twilight à partir de quatorze (Quand je serai grande, je veux moi aussi un mec qui me bat, me contrôle et m’empêche de sortir!”), pour bientôt se reconnaître dans Menottes et Passions (50 nuances de gris).

A l’âge adulte, les rôles de support typiquement “féminins” ne manquerons pas pour combler leur imagination.

Alors faisons la place qu’elles méritent aux oeuvres qui permettent aux filles d’être enfin au premier plan. Et de s’envisager comme personnages principales du film de leurs vies. Mes amis me reprochent de critiquer les films à priori et de ne pas leur laisser de chance. J’ai sans doute tort. Mais je serais bien plus tentée avec ce genre d’affiche.

But not today...

But not today… TOMORROW.

 

9 thoughts on “Magnificent Maleficent!

  1. sarahtudi says:

    Manifestement Tom, tu es frutré… Ne t’inquiète pas, il y surement un thérapeute, tout près de chez toi, qui pourra t’aider !!

  2. wouai : vous dites “Mais comprenez moi! Il m’est particulièrement difficile de supporter sans remarquer, souffrir, fulminer, et avoir envie de quitter le salon/la salle la plupart des films. Pour peu qu’on soit un minimum conscient.e des discrimination de genre, les clichés sexistes dont sont gangrénés les films sautent aux yeux et étouffent tout l’intérêt de l’oeuvre. Exemple: oui, le moyen âge ça craint, ai-je envie pour autant de voir une femme violentée toute les 10 minutes sans raison scénaristique? Aucun secteur n’est épargné, ni le commercial ni le cinéma indépendant. Les réalisateurs ne prennent aucun risque et optent pour l’éternelle hiérarchie du missionnairede l’affiche: l’homme au premier plan, la femme ornementant agréablement le fond. Une femme jeune, accessoirisée, sexualisée, objet offert au male gaze -car le spectateur et sujet serait forcément un homme blanc hétérosexuel.”

    c’est bien pour ça que je ne paie plus pour aller dans une salle, d’autant que je n’ai pas de gros moyens…

    bon, j'(aurais bien aimé que vous racontiez la fin du film avec l’analyse en fond continue. j’vais me débrouiller pour récupérer le fichier du films un jour ou l’autre.

    moi ce qui m’emmerde, c’est que les personnages masculins, auxquels on voudrait que je m’identifie, voire que je les reproduise, ben, je les trouve lourds, cons, veules, etc… en plus pas beaux du tout. donc forcément, par contraste, les personages féminins, c’est vachement attractifs… sauf que c’est du cinéma et qu’à y regarder en second regard, voire xième regard, ben… euh… pis en plus, j’ai pas le corps qu’il faut pour les incarner… donc du coup…
    ben je regarde les films de moins en moins souvent, et toujours par petites tranches de 25minutes maxi. je coupe, j’vais voir ailleurs, je reprends le lendemain voire plus tard encore… des fois, j’y reviens même pas…

    bon, j’ai lu sur votre page d’accueil votre origine soviétique… et vos allusion à la russie capitaliste actuelle… ça m’a fait penser à ses collègues rencontrées dans une serre de production de fraise, qui comme moi, niveau ingénieures, se retrouvent à faire ouvirères agricoles en france à plus de 50 ans, en ayant eu des postes à responsabilité dans leur jeunesse soviétique, sans jamais se souvenir d’histoire de police politique, et me parlant des arrestations de gens de Tarnac, ou des militants forestiers de notre dame des landes…

    euh…

    comment dire…

    des fois… je me demande…

    • Oui je me retrouve tout à fait dans ce que vous dites:
      1. Les personnages masculins sont de plus en plus nuls et gonflés à l’hélium -je vous conseille l’excellent article du cinéma est politique, article à mourir de rire au demeurant…
      2. Si CERTAINES rares héroïnes vous plaisent, je suis sûre qu’elles vous plaisent pour autre chose que des seins et du maquillage. Identifiez vous! Oubliez l’injonction au genre.
      3. Ma mère excellente ingénieure chimiste s’est retrouvée à faire des boulots qui demandaient très peu de qualifications, et en a énormément souffert.

      Je n’ai pas raconté la fin car le but était vraiment d’inciter mes amis (qui me lisent) à le voir, pour voir le film avec mes yeux. Mais on peut en discuter -tout mon entourage l’a vu… enfin j’espère-
      Et au fait, merci du commentaire!

      • ah.. ben moi je me retrouve à ne rien fait… finsi… reprendre des études… à plus de 50 ans…

        vous savez, sur internet, à des centaines de km les uns des autres, s’identifier, ça ne veut plus rien dire…

        et s’identifier à des personnages de cinéma… euh… oui, c’est fait pour ça le cinéma en fait, reproduire des modèles d’identification, comme depuis l’origine du théâtre, de la tragédie, des religions et de toutes sacralisations… confère Guy Debord et René Girard pour des théories forts différentes donnant des outils d’analyse…

        et s’identifier à soi-même… ben ça passe par la réalité des échanges avec les regards des autres… et là… ben ça se gâtte… méchant-méchant… ils ne font pas que vous renvoyer à l’injonction de genre, mais celles aussi de l’origine régionale, de l’ethnie supposée, de la taille, de l’âge, du parcours de vie, du statut civil, du statut familial, du statut social, de tout ce qui font les habitus de n’importe quel groupe de référence…

        et vous savez par expérience personnelle combien il est impossible, et de plus en plus lourd en vieillissant, d’être indifférent aux regards des autres…

        ou alors je ne vois pas du tout ce que vous voulez dire…

        autrement, ben, je connais le site sur le cinéma, celui de sophie, de valérie aussi, et bien d’autres… mais bon, y’a peut-être d’autres gens qui signent avec le même prénom… j’ai mis mon site en adresse dans les paramètres… mais bon…

        merci de votre réponse

      • Je ne saurais répondre à toutes ces questions (voire angoisses) que vous soulevez avec justesse. Sans vouloir paraître extrèmement banale, il n’est jamais trop tard pour se réinventer ou commencer autre chose. Alors oui c’est dur et le regard des autres et important, mais l’autre option c’est quoi? Mourir tristement après avoir suivi des injonctions sociales?

        Comme disait Anne Lamott (une auteur américaine) dont le père, également écrivain est mort à 55 ans du cancer, “Au moins, il a vécu sa vie selon ses propres règles”.

        Qui est Sophie? Et Valérie? Votre adresse de site n’apparait pas.

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