Aujourd’hui, j’ai été grandement inspirée par le blog Regards féminins sur la science, un blog collaboratif de femmes scientifiques, avec de vrais morceaux de science. Le blog nous raconte leurs parcours académique et leur déboires – dans lesquels on se reconnaît que trop bien.
L’article Syndrome de Godzilla a des références scientifiques impeccables. Jugez plutôt: Cat’s Eye, Princesse Sara, Godzilla (et Pluto) convoqués pour diagnostiquer les syndromes les plus communs des femmes dans la sphère professionelle.
Pour rappel. Godzilla est un monstre lézaroïde japonais, né d’expérimentations nucléaires -un conte cathartique pour d’exorciser l’horreur de Nagasaki et surtout Hiroshima. Il vit donc au Japon, quelque part entre une faille sysmique et une centrale nucléaire. Dans les années 50, Godzi sortait détruire Tokyo de façon récurrente. Mais suite à l’apparition d’autres monstres, il endosse plutôt le rôle réconfortant du Roi des Monstres (on dirait pas comme ça) qui protège l’humanité contre la concurrence.
Je suis atteinte plus ou moins de toutes les tares décrites dans le post de Regards Féminins sur la Science (en plus de celle de parler au cinéma). Mais MON syndrôme de Godzilla est légèrement différent. Dans le dernier film, ô combien à chier intéressant uniquement sur le plan des effets spéciaux, on voit Godzilla s’en prendre plein le museau par les méchants aliens. Ils vont devenir parent et sont à peu près aussi pénibles que les futurs parents humains, sauf que leur égocentrisme et leur folie la création de leur nid douillet s’accompagnent de destructions massives/menace nucléaire pour l’ensemble de la population humaine. (Heureusement un homme blanc, musclé et hétérosexuel va sauver sa femme et le genre humain en larmes mais c’est pas le sujet)
Papa Godzilla se fait massacrer tout le long du film, et quand il est sur le point de rendre le dernier soupir, il se ravise subitement et crâche à la gueule des deux aliens son super pouvoir, son Nuclear Breath. Ne cherchez pas, ce modus operandi est appliqué depuis 1953 par les scénaristes; c’est seulement quand Godzilla est quasi mort qu’il sort l’attaque ultime.
Quand j’organise une conférence, je me sens subitement OBLIGÉE de m’assurer du bien être des invités, façon Ferrero Rocher. (Petit rappel de cette pub inoubliable.) Je m’assure que tout le monde il est bien, que tout le monde il est content, qu’il y’a du café, que la salle soit bien chauffée, bien ventilée, que l’ambassadeur soit bien assis; je fais la boniche alors que je ferais mieux de mingler et de forger des alliances, bref, penser la progression de ma carrière. Je me contrôle plutôt bien dans la sphère privée et je n’ai jamais le réflexe “de débarrasser la table et laisser les hommes discuter entre eux“. Mais au boulot, je me transforme en espèce zombie décérébrée idiote, angoissée que tout ne se passe pas bien et que ça soit ma faute.
Cette manie me rend dingue. Mais comme je disais, ce n’est pas une coïncidence si mon chef homme n’éprouve aucune de ces angoisses organisationnelles… Je ne suis pas responsable des attentes sociales qui pèsent sur moi : d’une façon assez claire, à coup de pressions diverses, je suis renvoyée aux tâches organisationnelles domestiques. On s’adresse à moi pour tout ce que maman devrait faire (des gâteaux? des fruits? combien de fauteuils? on a fait les pancartes avec les noms des conférenciers?). En gros, telle la mère qui se lève plus vite que le père pour changer la couche, si je ne le fais pas, ça ne va pas se faire tout seul.
En contrepartie, j’engrange une agressivité et un resentiment monstre… et le syndrome de Godzilla survient quand un invité, persuadé que j’ai bien le rôle secrétarial que j’ai l’air d’occuper , me pose la question de trop:
A la fin de la journée, j’en peux plus et j’explose à la tête du premier malheureux qui me réduit au rôle de la boniche; rôle que j’ai pourtant occupé avec entrain et empressement toute la journée.
Autre variante:
Alors voilà, j’espère que ça va s’arranger avec le temps, parce que je ne vais pas sacrifier 3 personnes à chaque salon pour ma crédibilité professionnelle…