Comment faire baisser les inégalités et les discriminations dans la sphère professionnelle?
Le ministère du droit des femmes a lancé une appli pour aider les femmes à améliorer leur confiance en soi. Le but est d’aider les femmes à se prendre en main, oublier des années de conditionnement et ne plus avoir peur. La confiance en soi, c’est la clé pour oser demander et obtenir un poste ou une augmentation.
Cette appli est gratuite. Et pratique. Elle permet entre autres au Ministère du Droit des Femmes d’éviter une conversation un peu plus pénible et musclée avec les entreprises; et leur proposer des amendes en lieu et place d’applications gratuites.
Attention !!! Je ne dis pas que les femmes n’ont pas un rôle à jouer dans l’amélioration de notre vie professionnelle – et dans le combat contre les inégalités au quotidien.
Mais j’aimerais partager une petite histoire, de ce qui se passe quand une femme déploie sa confiance en elle- qui, j’en suis sûre, n’est pas si exceptionnelle.
Ma boite a récemment engagé une nouvelle stagiaire. Excellente analyste en cyber-défense, capable de travailler en plusieurs langues, elle ne manquait pas de cette fameuse confiance en soi. Son âge, ses diplômes et son expérience la plaçaient largement au dessus de ce que nous pouvions lui proposer, mais il lui manquait le réseau pour s’inserer directement comme consultante.
Elle tombait particulièrement bien, on cherchait à organiser une conférence dans ce domaine et tentait de recruter des experts- et puis bon, un stage est une porte d’entrée comme une autre.
Ayant expédié ses tâches avec efficacité, elle a été au delà de ce qui lui était demandé et vite montré de quoi elle était capable (et blablabla). Elle s’est proposée pour travailler pour la conférence et le management a été ravi (vous pensez bien). Sa participation a été discutée en long en large et en travers jusqu’à ce qu’elle suggère que son travail n’était pas gratuit. Le directeur lui a jeté le regard légèrement de biais -celui que je réserve à la litière du chat quand elle a dégainé une overload fumante- et a dit que finalement, il avait tous les experts dont il avait besoin.
Elle s’est adressée ensuite à mon département. Mon chef a noté ce qu’elle avait à dire (au sens propre, noter des idées à recycler). Quand elle fermé la porte, il a pris cet air impénétrable -de lorsqu’il se prépare à me donner “un bon conseil”:
Elle a l’air vraiment capable, mais elle a un peu trop confiance en elle. Parle lui, toi.
Me laissant méditer sur les risques d’une overdose de confiance en soi, pour une femme.
La conférence a été organisée. Dans une chaleur étouffante, nous avons eu l’honneur d’écouter des “experts” masculins pérorer que le danger venait d’Amazon, où l’on pouvait télécharger de “dangereux algorithmes”.
Un autre expert a prêché-en mode gospel- que le cyber-crime était une invention; il agitait son téléphone en demandant régulièrement “si cet iPhone était une arme?” sous les rires gênés de l’assistance.
En gros, la confiance en soi, c’est bien. Quand l’entreprise veut que les femmes restent à leur place et quémandent, ça suffit pas.
bonjour madame
votre exemple est assez courant et dans tous les métiers, pour quasiment tous les cas, de genre, d’âge, de niveaux d’instruction…
à lire votre exemple, ce qui me fait dire cela, ce sont précisément les réactions des cadres autour de vous.
quand la personne qu’ils ont recrutée se passionne pour le sujet, techniquement, mais aussi parce qu’en période de “début” elle pense qu’elle doit encore convaincre de ses connaissances techniques sur le domaine concerné, qu’elle doit convaincre de son implication dans l’activité et le dynamisme de l’entreprise, tout objet dont on nous rebat les oreilles partout comme un catéchisme du “bon employé”, la personne donc développe tout son savoir avec intensité : or, contrairement au catéchisme du “bon employé”, catéchisme officiel, ce n’est pas du tout interprété comme cela.
parce que le bon technicien, le passioné ou la passionné, qui pense qu’on la met à l’épreuve et tout et tout, il va effectivement sortir des trucs techniquement très pointus, justes, à mettre en oeuvre… mais pas du tout ce que les “cadres” en place ont l’habitude d’entendre, de croire, de la part d’experts qui se vendent à eux comme à n’importe quelle clientèle de sorte de faire plaisir à la clientèle en question pour légitimer les croyances habituelles de cette clientèle.
les experts que vous indiquez, racontent des conneries classiques, mais qui font “bien” : parce que, effectivement, elles entretiennent l’image de l’idéologie sous-jacente à celle de l’entreprise, contre sa concurence…
et puis, alors, en fait, les cadres en question, devant le ou la technicienne qui sort des trucs pointus techniquement, tout d’un coup, ils sentent, intuitivement, que depuis qu’ils sont “installés, ils se sont laissés aller, et ont considérablement perdu en connaissance technique. or, ils sont sensés, en leur valorisation intérieure, narcissique, être au dessu des autres, les chefs, savoir juger, donc connaître. et là, ben non : merde, le technos qui n’a pas le label de qualité sociale qui est donné par le réseau social et rien d’autre, surtout pas les compétences, dont on parle tout le temps, mais qui sont prises en compte en dernier, le technis la ramène en montrant que le réseau social, c’est du vent. de la vanité. démonstration pratique, et, inconsciente.
mais ça, ils ne se l’avoueront même pas à eux-mêmes.
alors, ils parlent d’autre chose : la trop grande confiance en soi, l’orgeuil, le manque d’humilité, la remise en cause, sont les poncifs que l’ont subit dans ces occasions là.
et si ça suffit pas, pour enfoncer le clou, ils récupèrent le caractère saillant de la personne, c’est à dire, son âge, son sexe, son phénotype, son ethnie, son statut familial, son parcours, son statut social, pour bien faire comprendre que si l’on en est là, c’est bien intrinsèquement de notre faute.
dire un truc que l’autre, qui est hiérarchiquement au dessus de soi, ne sait pas : c’est toujours dangereux quand on est subordonné. et le monde de l’entreprise, est avant d’être un monde de production, un monde de subordination, de domination. ce monde se sert de tout caractère particularisant de chaque subordonné pour le dominer plus efficacement, et principalement les caractères incontournables, saillants, intrinsèques à la personne d’une part, donc biologiques, comme le sexe, le phénotype et l’âge, auxquels ont ne peut échapper, ainsi que les caractères sociaux, interprétés par les “valeurs” des dominants “locaux”, donc variables, eux-aussi incontrôlables par la personne dominée, mais qui tous, la ramènent à une totale impuissance, et donc à une parfaite culpabilité : on a toujours tort de ne pas être cons comme les autres.
Bonjour et merci de votre intérêt.
Je vois ce que vous voulez dire. Dans le cas échéant, la collègue avait largement les compétences techniques (elle ne les a pas apprises en arrivant dans la boite) et les managers étaient emballés AVANT qu’elle ne demande de convertir son contrat de stage en contrat de travail.
Dans ce cas là, il semblait logique -pour gagner de l’argent sur son expertise- de prendre en compte ce qu’elle pouvait nous apporter. Ce n’était ni un calcul affectif, ni sentimental, ça restait un rapport de force où l’employé amène sa matière grise contre rémunération et permet à l’employeur de gagner de l’argent. Ca coinçait vraiment parce que c’était une stagiaire femme qui s’est trop mise en avant.